- La lutte contre la prochaine « pandémie de maladie X » doit se préparer aujourd’hui en s’attaquant aux causes environnementales des maladies chroniques, principales causes des décès par COVID.
- La France doit respecter ses engagements à l’Assemblée générale de l’ONU en 2018 : arrêt de la progression de l’obésité et du diabète d’ici 2030
« La Santé au-dessus de l’économie » ! Malgré cette affirmation liminaire prometteuse, la déclaration d’Emmanuel Macron donne l’impression que pour lui le monde Post-Covid va ressembler au monde Pré-COVID. Les sommes dégagées sont impressionnantes : 500 milliards d’euros, mais pour quoi faire ? Relancer une activité économique sur les bases de l’ancienne. Par exemple, relancer l’industrie automobile en laissant de côté le chemin de fer, ce qui revient à relancer la pollution de l’air et à « fabriquer » de nouveaux malades chroniques, qui seront les victimes de la prochaine pandémie. La baisse de la pollution a bien montré que les gains de santé étaient possibles.
Où est le changement de paradigme ?
Tout se passe comme si le bilan de la pandémie était déjà passé à pertes et profits et se résumait à se doter d’un stock de masques et de respirateurs pour la prochaine. Une des leçons majeures de la crise est que les malades chroniques ont été les grandes victimes du COVID : 84 % des comorbidités chez les victimes du COVID selon Santé Publique France. Mais ce constat a vite été évacué sous couvert de l’âge. Une donnée majeure éclaire cet enjeu : en France, le nombre de grandes maladies chroniques (Maladies cardiovasculaires, diabète, cancer) a doublé entre 2013 et 2017, ce qui veut dire qu’il y a 14 ans, il y aurait eu, par principe, moitié moins de victimes potentielles.
Se préparer à faire face à la pandémie X
Il est en effet aujourd’hui hautement probable que la planète soit à la merci d’une nouvelle pandémie infectieuse. Un rapport de l’OMS en 2018 avait identifié les 10 grands risques de nouvelles pandémies infectieuses1). 9 d’entre elles étaient des maladies infectieuses dont l’impact reste encore localisé mais peut sortir d’une zone limitée, comme le SRAS-COV de 2003 en Asie, le MERS-COV de 2012 au Moyen Orient, ou encore Ebola en Afrique, mais la 10ème était la maladie X , provenant d’un virus encore inconnu. « La maladie X résulterait probablement d’un virus d’origine animale et émergerait quelque part sur la planète où le développement économique rapproche les humains et la faune. Elle se propagerait rapidement et silencieusement ; exploitant les réseaux de voyages et de commerce humain…atteindrait plusieurs pays et serait difficile à contenir »2. C’est effectivement ce qui s’est passé et c’est ce qui très vraisemblablement peut de nouveau se passer.
Préparer l’avenir revient à faire reculer l’épidémie mondiale de maladies chroniques.
A aucun moment dans la déclaration d’Emmanuel Macron, il n’est fait mention de l’épidémie mondiale de maladies chroniques, constat fait par l’Organisation Mondiale de la Santé depuis 2006 en Europe, 2008 dans le monde et qui a fait l’objet de 2 déclarations de l’Assemblée générale de l’ONU en septembre 2011 et septembre 2018.
Les objectifs retenus en septembre 2018 à échéance de 2030 sont en priorité : diminution de 30 % de la mortalité prématurée par maladies chroniques et arrêt de la progression de l’obésité et du diabète. Les obèses et les diabétiques ont été les grandes victimes du COVID. Les causes environnementales sont connues : alimentation, principalement ultra-transformée, sédentarité, perturbateurs endocriniens et plus largement urbanisme.
Alors qu’Emmanuel Macron se pose en champion de l’Europe, on peut constater que sa déclaration est en contraste avec celle de la Commission Européenne : « Réparer et se préparer pour la prochaine génération ». C’est effectivement l’enjeu : la résilience de nos sociétés et la santé de notre environnement.3. L’Union Européenne prévoit un budget de 9,4 milliards d’euros pour un programme « Health Programme, EU4Health”, pour renforcer la sécurité sanitaire et préparer les futures crises sanitaires”.
La préparation du futur Plan National Santé Environnementale (à l’arrêt depuis un an sans aucune explication) doit se faire en réponse aux enjeux révélés par l’épidémie de COVID.
La Santé Environnementale doit faire partir du chantier de la « Reconstruction écologique » annoncé par Emmanuel Macron pour l’été.