La santé mentale est notre priorité !

Déc 17, 2022 | Actualité

Tous les trois ans, les adhérentes et adhérents d’Europe-Ecologie Les Verts sont invités à exprimer leur point de vue sur le fonctionnement de leur mouvement autant que sur la position politique qu’il doit adopter sur un certain nombre de sujets essentiels.

À l’initiative de certain.e.s militant.e.s, une motion ponctuelle portant sur la santé mentale a été largement adoptée, ce dont la commission santé se félicite. Dans le cadre de son assemblée pleinière, notre équipe a donc décidé la création d’un nouveau groupe de travail sur le sujet de la santé mentale. 

Avant le vote de la motion au congrès, la commission santé s’était déjà largement mobilisée sur le sujet de la santé mentale.  Cela se traduit déjà par une série de mesures défendues aussi bien dans le Livret Santé 2021, le programme Vivant produit par Europe-Ecologie Les Verts durant la présidentielle ou par le programme de Yannick Jadot durant la campagne ; ces droits documents ayant été produits avec et en lien avec l’équipe de la commission. 

Ce que la santé mentale représente déjà pour nous

Ludovic Cherpin et d’Adrien Adrien Potocnjak-Vaillant ont longuement travaillé sur cette question au sein de la commission et nous faisons ici état d’une partie de leurs réflexions :

La santé mentale est un enjeu majeur de santé publique. Elle couvre les manifestations de stress jusqu’aux problématiques psychiatriques. Souvent considérée moins prioritaire, elle souffre d’un déficit d’image et de compréhension. Le mental, par son caractère immatériel, a une image plus floue, plus insaisissable que les problématiques de santé physique. 

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) définit la santé mentale comme « un état de bien-être qui permet à chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés normales de la vie, de travailler avec succès et de manière productive et d’être en mesure d’apporter une contribution à la société. »

Les problématiques de santé mentale sont nombreuses, et de nombreux français feront face à ce type de situation au court de leur vie, que ce soit à travers leur expérience ou celle de leurs proches. La France est connue pour être un des pays au monde où la consommation de médicaments anxiolytique et antidépresseur est la plus élevée.

Les problématiques de santé mentales sont d’autant plus nombreuses que dans notre société, le mental, le psychologique, le psychique sont mis à rude épreuve. Le modèle sociétal dominant est un modèle de compétition au détriment du bien-être personnel. Le monde du travail est régi par un management tourné vers la productivité et la compétitivité. Les conséquences sur la santé mentale sont directes, du stress au burn-out, un problème grave qui touche de nombreux français.

Une partie importante du domaine de la santé mentale est pris en charge par des professions libérales – psychologues, sophrologues, thérapeutes, psychothérapeutes, psychanalystes – ; le domaine de la psychiatrie, des hôpitaux aux CMP (Centres Médico-Psychologiques), est lui pris en charge par l’état.

Pourtant, il est possible d’avoir un impact direct sur la santé mentale au travers des politiques publiques : 

  • Un modèle de société plus doux réduirait la pression sur la population, tourné vers d’autres valeurs de bien-être personnel et de développement personnel. De plus en plus de titulaires de diplômes d’enseignement supérieur se tourne vers des activités qui ont plus de « sens » pour eux, bien que moins valorisées socialement ; cette quête de sens est également une valeur postmoderne qui se développe de plus en plus et qui peut éviter un certain mal-être. Le contact avec la nature est connu pour ses effets bénéfiques ; aménager les villes en laissant une place à la nature permet de réduire le stress et d’augmenter le bien-être.
  • Le productivisme et le consumérisme sont source de pression sur le mental des citoyens. Un mouvement de fond est apparu, de citoyens qui sont plus dans une quête de sens plutôt que dans une démarche d’accumulation et matérialiste. 
  • Dans les entreprises et plus généralement dans le monde du travail, source connue et identifiée de mal-être, le développement du management bienveillant est une piste à explorer : « une nouvelle manière de manager, plus respectueuse de ce qu’est en vérité la nature humaine. » 
  • La numérisation de la société a également créé de nouveaux risques de conduites addictives à travers l’omniprésence des écrans et de leurs contenus.

Ce que les écologistes proposent dans le domaine de la santé mentale aujourd’hui

Cette integration de la santé mentale dans la plupart des prises de positions écologistes depuis plusieurs années se traduit par la défense d’un certain nombre de mesures et de propositions concrètes :

  • Une prise en compte renforcée de l’état psychologique de  chaque  personne dans son parcours de vie. Nous plaidons pour un suivi ciblé, remboursé par la Sécurité Sociale, de populations spécifiques, que nous savons maintenant les plus touchées. Ce sont notamment les populations présentant un fort taux de suicides, les agricul.trices.teurs, les étudiant.e.s, les personnes en situation d’addiction, les enfants pris en charge par l’Aide Sociale à l’Enfance, les personnes victimes de violences conjugales et intrafamiliales, les populations en marge de la société comme les sans abris ou les migrants et malheureusement bien d’autres encore. 
  • Apporter une formation aux connaissances et compétences autour de la psychologie et des modes de prises en charge (non médicamenteuses comme la psychothérapie, et certaines approches naturelles comme la relaxation, par exemple) dans de nombreuses formations professionnelles supérieures et au lycée, pour donner à  chacun.e la possibilité de mieux gérer son patrimoine de santé mentale. 
  • Un grand plan de lutte contre les violences sexistes et sexuelles est une priorité, pour faire de la prévention dès la maternelle contre tous les types de violences (conjuguale, inceste, pédocriminalité, non respect du consentement).
  • Redonner à l’hôpital psychiatrique son sens de lieu d’hospitalité comme fonction essentielle au soin psychique et sortir du grand virage ambulatoire. La psychiatrie doit rester un lieu “d’asile”, l’endroit qui assure la fonction sociale d’accueil de ceux qui rencontrent un niveau de vulnérabilité psychique et social majeur et leur permettre de rester “le temps qu’il faut” à leur reconstruction. Valoriser les lieux de psychiatrie institutionnelle comme la clinique Laborde.
  • Soutenir les dynamiques de psychiatrie institutionnelles qui visent à inclure le patient dans la vie institutionnelle. Nous réclamons en ce sens la réouverture de lits et la création de 7000 postes intra et extra-hospitaliers de soignant.e.s : infirmier.e.s, médecins, psychologues, dont au moins 1600 postes de psychologues cliniciens (ce qui correspond à au moins un par centre médico-psychologique) – 
  • Nous défendons aussi la réouverture et création de centres thérapeutiques CMP et l’amélioration de la suite d’hospitalisation avec personnel spécialisé et reconnu pour la psychiatrie et la pédopsychiatrie.
  • Pour y parvenir, nous plaidons pour le maintien d’une dotation annuelle de financement assortie d’un financement à l’activité sur les actions de prévention et de dépistage. 

L’ensemble des mesures ici rappelées a déjà fait l’objet d’une adoption par les différentes instances du mouvement, notamment durant la crise de la covid-19 ou face à la situation des jeunes et des étudiant.e.s confrontés à la paupérisation depuis plusieurs années. 

Dans le cadre de l’élection présidentielle, Yannick Jadot s’est mobilisé fortement sur la question de la santé mentale et son programme proposait alors un ensemble de propositions similaires ou équivalentes : 

  • La reconstruction d’un système de soins psychiques préventif et curatif alliant une véritable psychiatrie de secteur bien-traitante, qui “prend le temps qu’il faut pour soigner”, autorisant une prise en charge pluridisciplinaire, décloisonnée, proche des patient·e·s et de leur entourage, et la construction d’une relation thérapeutique sur le long terme. 
  • L’augmentation du nombre de lits psychiatriques (10 000 lits sur le quinquennat) et l’encadrement strict par la loi les pratiques de contention et d’isolement. La mise en valeur des parcours de soin dans une logique de prévention et de prise en charge rapide en élargissant le remboursement de la psychologie de ville par la sécurité sociale sans limitation de temps et sans obligation de référencement par un médecin. 
  • La garantie d’au moins un psychologue dans chaque Centre Médico-Psychologique et renforcerons le maillage prévention, détection, prise en charge dans les espaces de vie qui sont autant de points de contact -entreprise, école et université, associations, lieux d’accueil de la petite enfance, association, mairie. 
  • Le doublement du budget de la recherche en psychiatrie et en santé mentale afin d’améliorer les traitements, d’investir dans des innovations thérapeutiques potentielles, de faire bénéficier la psychiatrie des apports de la génétique et de la médecine personnalisée, et de faire de l’implication des patients un sujet de recherche en soi tout autant qu’une modalité de la recherche en les y associant. 

Cela s’est enfin traduit par l’amendement et le vote d’une motion présentée à l’échelle du Parti vert européen et proposée par la Fédération des jeunes écologistes qui visait à alerter les élu.e.s et l’opinion sur la nécessaire priorité à mettre notamment dans la refondation de la psychiatrie à l’hôpital

Ce que nous devons désormais faire

Réunie en assemblée pleinière, la commission santé d’Europe-Ecologie Les Verts applique la feuille de route du nouveau Bureau exécutif et crée donc un nouveau groupe de travail dédié à la santé mentale. 

Ce groupe de travail aura trois missions majeures : 

  1. [Extérieure au mouvement] Synthétiser les nombreuses prises de position du mouvement dans le domaine et de clarifier les objectifs d’une politique de gestion de la crise de la santé mentale, 
  2. [Extérieure au mouvement] Organiser avant le mois de juin 2023 une série d’auditions et d’échanges sur la question afin notamment de préparer une note de propositions à transmettre à nos député.e.s, séna.teurs.trices et député.e.s européens autant qu’au réseau de maire-adjoints en charge de la santé afin que le travail interne au mouvement puisse servir à celles et ceux qui le représentent dans les organes et instances de pouvoir, 
  3. [Interne au mouvement] Réunir des professionnels expérimentés et légitimes pour élaborer de nouvelles guidelines à appliquer pour améliorer l’expérience militante et contribuer à faire d’EELV un parti exemplaire en matière de protection de la santé mentale des individus. Cela doit se traduire par des mesures que nous présenterons au bureau exécutif et au conseil fédéral du mois d’avril 2023. 

Pour la commission santé,

Alix Florent et Béchir Saket

Coresponsables de la commission