La crise du covid-19 a révélé les fragilités du système de santé français qui n’a pu empêcher que les populations les plus vulnérables soient les plus touchées. Elle a aussi mis en évidence le courage et la mobilisation historique des professionnels de santé qui ont été exemplaires, malgré les risques considérables auxquels ils ont été exposés notamment du fait du manque criant de protections sanitaires (blouses, masques…). Les mouvements associatifs citoyens et de patients ont accompagné leur communauté et ont fait preuve d’une immense solidarité sans être reconnus par les pouvoirs publics.
Pour répondre à leurs attentes, le gouvernement a ouvert le Ségur de la santé. Le 25 mars 2020, à Mulhouse, le Président de la République avait déjà pris un premier engagement auprès de celles et ceux qui se sont mobilisés dans la crise du COVID-19 :
« à l’issue de cette crise, un plan massif d’investissement et de revalorisation de l’ensemble des carrières sera construit pour notre hôpital ».
Dans ce cadre, la commission santé d’Europe Ecologie Les Verts entend proposer un ensemble de mesures, immédiatement applicables et que le mouvement juge nécessaire de mettre en œuvre. Ces propositions sont le fruit de plusieurs années d’expérience et d’une réflexion collective. Elles sont issues de consultations réalisées auprès des acteurs du terrain dont beaucoup d’adhérents font partie. Elle intègre les propositions essentielles des associations et organisations syndicales qui se mobilisent pour une amélioration du système de santé.
Ce ségur de la santé doit intégrer un changement de braquet : Avec un nouveau paradigme qui intègre la santé dans une vision du 21è siècle
Santé environnementale et pathologies chroniques
Depuis plus de 20 ans, il est avéré que les maladies chroniques sont un enjeu de santé publique majeur (notamment maladies cardio-vasculaires, cancers, obésité, diabète, dépressions…) et que l’essentiel des budgets de la Sécurité Sociale est absorbé par l’explosion des ALD (Affections de Longue Durée). La pandémie de la COVID n’a fait que confirmer cette analyse : la plupart des cas graves de COVID étaient associés à l’âge ou à des comorbidités.
Plutôt que constater cette épidémie de maladies chroniques, il faut agir à la racine de ces pathologies. Les effets de la santé environnementale sont connus depuis des décennies : effets de la pollution atmosphérique et de l’air intérieur, des perturbateurs endocriniens, de la malbouffe.
Hélas ces connaissances scientifiques multiples sont insuffisamment présentées dans les formations initiales et continues des professionnels de santé. Et il est urgent de cesser le fonctionnement du système sanitaire en silos : combien de professionnels apprécient la richesse et la pertinence de la complémentarité des approches, bien utile pour l’intérêt des patients ? C’est pourquoi, nous proposons les mesures suivantes :
- Intégration de ces connaissances en santé environnementale dans les formations professionnelles initiale et continue
- Supprimer dans tous les lieux publics tous les perturbateurs endocriniens et continuer les expériences de crèches, écoles … avec qualité de l’air préservée
- Développement de temps de formation initiale ou continue pluri-disciplinaire, co-construits et co-animés avec des usager·e·s pour lutter contre l’effet silo des professions qui doivent travailler ensemble : pollution de l’air, nutrition ou encore douleur avec les médecins, kinésithérapeutes, IDE et ambulanciers
- Mise en place d' »ambulances vertes » : système coordonné avec les municipalités et les associations de proximité où des équipes pluridisciplinaires formées vont à domicile, faire un diagnostic des conditions de vie et de logement des populations les plus fragiles et qui prescrivent des travaux d’amélioration de l’habitat avec création d' »ordonnances de travaux de salubrité » (contre le plomb, contre les moisissures des parois, contre la précarité énergétique…)
- Extension de l’expérimentation de la prescription de « l’exercice physique par ordonnance médicale » (qui donne droit à des tarifs privilégiés ou la gratuité dans les salles, des clubs de sport, à des locations de vélos électriques). Encourager les municipalités à aménager les villes avec des zones de rencontre, des bancs et des cheminements piétons pour faciliter la marche à pied de tous et notamment des séniors.
- Développer les expériences de « familles à alimentation positive » qui consistent en un accompagnement des familles les plus démunies pour tester une orientation de leur alimentation vers plus de fruits et légumes et de produits alimentaires de qualité.
- Mise en œuvre du principe pollueur / payeur pour financer ces actions de prévention.
Une autre gouvernance avec une démocratie sanitaire fondée sur l’expertise des usagers et associations de malades
Si la santé n’est pas une marchandise, il importe que toute la chaîne des acteurs impliqués dans l’acte de soigner, doit être impliquée dans les choix et les arbitrages importants.
- Tout projet de réorganisation de services ayant des incidences sur l’offre de services de santé (nombre de lits, type de services offerts, ouverture de nouvelles consultations ou hôpitaux de jour, …) doit être discuté non seulement avec la CME, mais aussi avec les associations agréées d’usagers ou de malades. Loin d’alourdir les processus de décision, la participation des usagers-ères contribue à l’amélioration de la qualité des soins et l’adaptation de l’offre de soins aux besoins. La démarche adoptée pour la stratégie nationale de santé sexuelle, élaborée en lien avec l’ensemble des acteurs-trices, notamment associatifs, déclinée au niveau régional avec l’appui des instances de démocratie sanitaire que sont les Corevih, semble pouvoir être appliquée à d’autres domaines.
- La démocratie sanitaire doit être soutenue financièrement, afin que les représentants-es des patients-es puissent pleinement jouer leur rôle dans la gouvernance du système de santé.
- La démocratie sanitaire suppose d’intégrer au plus proche des soins, des actions de partenariats soignants/soignés. A partir des données d’expériences patients peut s’organiser des travaux collaboratifs entre professionnels et usagers visant à l’amélioration de la qualité, de la sécurité et de la pertinence des soins. Ces méthodologies de partenariat usagers/professionnels sont connues (collaboration à la conception et l’animation des programmes d’ETP avec des patients formés issus des milieux associatifs ; collaboration au développement des compétences de partenariat des professionnels ; intégration des patients tout au long d’une démarche de recherche : co-construction du projet de recherche, co-design de la méthodologie, co-évaluation ; facilitation de la compréhension des parcours de soins des personnes malades en sollicitant les patients concernés) et ont permis de développer des collaborations efficaces et apprenantes entre professionnels, associations de patients et usagers par l’identification des besoins et des ressources des patients, en améliorant l’efficacité d’organisation des équipes de soins ou par la mise en place de modalités d’accompagnement adaptées.
- Pour faciliter ce travail collaboratif et ce lien pluri disciplinaire, parfois chronophage, il est essentiel de rétribuer les temps de concertations entre plusieurs professionnels.
- Une vision sanitaire et médico-sociale coordonnée du territoire : Les associations de patients-es et d’usagers-ères ont une connaissance fine des territoires et des besoins de santé des populations. Elles sont une ressource essentielle pour construire des actions en santé à l’échelle d’un territoire et répondre de manière adaptée aux besoins de santé des populations. Dans leur approche populationnelle, les Communautés Professionnelles Territoriales de Santé (CPTS) doivent pouvoir inclure des usagers qui devront être consultés.
Une vision large de la prévention en intégrant les concepts de la santé communautaire
Pour que notre système de santé soit plus performant, il importe qu’il gagne en souplesse, simplicité, proximité, et que les décisions reposent sur la confiance a priori (limiter les contrôles a priori qui alourdissent le système et n’encouragent pas l’expérimentation et l’initiative). Ces principes de base permettront ainsi de revaloriser le collectif, le sens de l’équipe et l’initiative des professionnels
- L’autonomie en santé des personnes est une valeur essentielle dans l’acte de soigner pour encourager la responsabilité de chacun. L’intégration de la parole des personnes concernées dans les prises de décision doit être respectée.
- Un système plus souple doit faire sa place aux approches communautaires en santé, qui permettent aux personnes de construire collectivement leur parcours de soins et de s’appuyer sur des acteurs·trices en santé formé·e·s non soignants·es. Cette approche a fait ses preuves dans la prévention et le suivi du VIH et des IST, notamment pour l’accès à la Prep, et pourrait être étendue, particulièrement pour le suivi des maladies chroniques et la prévention à l’hôpital et en ville.
- La délégation de tâches entre soignant·e·s et l’implication d’actrices et acteurs non soignantes·e·s doivent être expérimentées et évaluées à plus grande échelle. Ces transformations doivent faire l’objet de recherche pour évaluer leur efficacité.
- Les outils numériques et notamment la télémédecine peuvent permettre d’améliorer le suivi et l’accompagnement de certains publics, notamment dans le cadre des maladies chroniques. Cependant, ils ne peuvent être que complémentaires pour ne pas renforcer la fracture numérique. Le consentement des personnes à leur utilisation et à l’éventuelle utilisation de leurs données doit faire l’objet d’une attention particulière
Un hôpital public conforté dans ses missions, soutenu fortement dans ses moyens avec une place articulée avec les autres acteurs de santé
Fini l’hôpital entreprise avec la T2A et la tyrannie de la finance
Ce qui ressort profondément du malaise récurrent des soignants, et en général des acteurs de santé, c’est la grave perte de SENS pour les missions de soins. Celles-ci en effet sont absorbées de plus en plus par l’obsession de « faire du chiffre » : injonctions permanentes et croissantes pour augmenter la rotation des personnes soignées, pour augmenter la productivité des soignants, focalisation sur les actes cotés par la T2A, suivi administratif pendant des temps disproportionnés sur des tableaux EXCEL (pas toujours lus par les gestionnaires !), traçabilité des actes certes nécessaire pour un suivi de qualité, mais hélas chronophage…
Cette perte de SENS est source d’une très grande souffrance au travail et génère non seulement des conditions de travail qui se dégradent de plus en plus entraînant: épuisement, burn out, dépression, suicides. Les démissions et le turn -over de personnel, liés à ce contexte sont difficilement supportables à terme pour le système de santé qui doit faire face à une pénurie croissante de professionnels qualifiés Les soignants épuisés par la COVID ne pourront supporter plus longtemps la poursuite de la logique financière associée à la gestion de l’après COVID. Il faut IMPÉRATIVEMENT sortir le système de santé de cette logique financière, incompatible avec la recherche d’une qualité des soins et d’une qualité de vie au travail.
Suppression de la T2A
Cette mesure centrale est une de nos mesures phare car la T2A s’est avérée avec le temps et dans les faits, comme une tarification totalement PERVERSE et dangereuse qui pousse les gestionnaires ET les soignants à » faire du chiffre » et ne pas valoriser le soin. Mais il importe de bien définir par quoi remplacer cette T2A, pour ne pas reproduire les travers des anciens systèmes de tarification qui avaient aussi révélé leurs limites : budget global notamment aux effets dé responsabilisants et inflationnistes. Voilà pourquoi nous proposons plusieurs indicateurs pour le nouveau système de tarification.
- Indicateur de valorisation des établissements proposant des soins de qualité à des populations très éloignées des offres de soins
- Indicateur introduisant des objectifs de prévention dans le soin donné : actes de soins mieux côtés quand ils intègrent du temps d’éducation thérapeutique, des actions de partenariat de soins avec les usagers et/ou les associations d’usagers, des actions d’accompagnement social, sur un parcours de soin et de santé adapté à la personne, des actions d’accompagnement diététique ou d’activité physique adapté
- Indicateur valorisant la collaboration pluridisciplinaire et le travail transversal entre acteurs de santé
- Indicateur avec la mise en place de nouveaux outils permettant d’intégrer la santé environnementale, qui explique la survenue de nombreuses pathologies chroniques (cancers, diabète, obésité, dépression, maladies cardio-vasculaires …)
Pas de PROFIT dans la santé !
En plus de la réforme en profondeur de la tarification hospitalière, il doit y avoir des exigences de service public dans certains secteurs comme les services SSR et les EHPAD privés à but lucratif :
- Aucun profit ne doit être toléré sur le prix de journée, et le développement des SSR et des EHPAD publics doit être encouragé pour permettre un rééquilibrage des filières de soins, notamment en aval à l’hospitalisation
- Un nouveau plan doit réorganiser la filière des transports de patients avec arrêt du remboursement aveugle des taxis conventionnés, tentative pour réduire les situations monopolistiques des transports de patients qui ont abouti à des explosions des tarifs pesant sur la SS, développement de transports alternatifs (covoiturage…)
Un plan d’investissement MASSIF pour l’hôpital public
Ce plan massif d’investissement doit effectivement permettre aux hôpitaux publics de rattraper le retard d’investissements, occasionné depuis une dizaine d’années par cette logique purement comptable. Les bâtiments, les matériels médicaux et le matériel logistique et hôtelier ont beaucoup souffert de ces gels de plans d’investissement, dictés pour freiner l’endettement des hôpitaux. Il est à regretter de nombreux matériels obsolescents ou très dégradés et des bâtiments inappropriés à une politique d’isolation thermique et de qualité.
Mais quand le Président MACRON s’est engagé récemment pour ce plan massif d’investissement, nous craignons que le gouvernement ne cède à la facilité en recourant au concept dangereux de PARTENARIAT PUBLIC / PRIVE. Nous constatons depuis plus d’une décennie, les conséquences dangereuses de ces partenariats public / privé qui n’ont pas produit les résultats escomptés et reste une chimère.
La santé est une compétence régalienne de l’Etat et les investissements des hôpitaux publics et EHPAD doivent donc être facilités par des financements publics de l’Etat, pour accompagner les hôpitaux fortement endettés.
Comment expliquer que l’Etat a accepté de combler les déficits abyssaux de secteurs privés comme l’aéronautique ou l’automobile (avec des montants de 10 à 15 milliards d’euros) et hésiterait à mettre la main au portefeuille dans les mêmes proportions pour le secteur de la santé ? La population ne comprendrait pas cette indécence et cette injustice flagrantes !
Un rééquilibrage de la politique des GHT (Groupement hospitalier de territoire) avec une relocalisation des achats et des ressources
Les GHT ont été mis en place à marche forcée en 2016 pour encourager la mutualisation entre établissements hospitaliers d’un même territoire, et notamment pour mieux organiser et mettre en cohérence les recrutements de soignants spécialisés pour faire face aux graves pénuries de personnel compétent dans les établissements de soins publics.
Mais ces GHT ont eu tendance à devenir de véritables usines à gaz, trop tentaculaires, inefficaces par leur gestion lourde et centralisatrice à l’excès, et très chronophages pour les gestionnaires.
A l’occasion de l’épisode COVID, cette centralisation extrême avec des marchés publics aux seuils tellement élevés qu’ils nécessitaient des procédures très lourdes pour des gains financiers pas toujours prouvés, a parfois abouti au choix de fournisseurs implantés en Chine ou autres pays lointains. Quand les avions ont été cloués au sol par la pandémie et quand le confinement a interrompu l’activité économique de nombreux secteurs, les GHT se sont heurtés à des entreprises ne pouvant pas honorer leurs commandes (suite à l’interruption du transit international ou à des faillites d’entreprises)
La gestion à flux tendu des stocks a entraîné la pénurie de matériel de protection, de dépistage et de soin dès le début de la crise.
Il est URGENT de relocaliser de nombreux secteurs de production nécessaires au fonctionnement du secteur sanitaire (production européenne de médicaments stratégiques, en matériel médical, ou dans des produits essentiels comme les masques, les blouses de protection, le gel hydro alcoolique, …) et garantir une souveraineté sanitaire à notre système de santé.
Pour être cohérent avec des objectifs climatiques, il est également nécessaire que les GHT permettent notamment des approvisionnements alimentaires avec des producteurs locaux, plus réactifs, et moins consommateurs de transports de marchandises.
Une nouvelle articulation des acteurs de santé
Désengorger les Urgences Hospitalières :
Sans vouloir reproduire ce discours financier dénoncé, il est évident pour des raisons économiques, mais aussi d’efficacité humaine et sociale, que nous devons sortir de l’hospitalo-centrisme de ces décennies et reconstruire un système de santé basé sur la complémentarité et la pluridisciplinarité.
Personne n’a intérêt à perpétuer cette organisation sanitaire qui aboutit à un engorgement des services d’Urgences hospitalières les réponses à cette problématique sont connues:
- Développement des maisons médicales pour pallier les absences des généralistes les WE et les soirées et nuits
- Installation de maisons de santé, notamment dans les zones blanches, les quartiers défavorisés, les zones rurales isolées
- Création de passerelles plus vivantes entre les divers corps de métier (IDE à domicile, kinésithérapeutes, psychologues…)
Une pluridisciplinarité des approches et les maisons de santé de quartier
- Une nouvelle articulation entre médecine de ville et le secteur médico-social
- Inclure dans le temps de travail les réunions et groupe de travail, dans le cadre des maisons de santé
- Remise en place des groupes de Pairs, hospitaliers et libéraux, via les CPTS, et les dispositifs d’appui à la coordination (DAC) et dispositif régionaux spécifique (DSR).
- Poursuivre les Rémunération spécifique pour les libéraux pour les actes spécifiques comme évaluation douleur chronique, temps de concertation
- Inclure dans le temps de travail les réunions et groupe de travail, dans le cadre des maisons de santé
Une reconnaissance institutionnelle et financière de ces approches pluridisciplinaires
- Pour faciliter cette concertation et ce lien pluri disciplinaire, parfois chronophage, il est essentiel de rétribuer les temps de concertations entre plusieurs professionnels
- Encourager l’expérimentation et l’innovation par le développement des pôles d’éducation thérapeutique et de promotion de la santé en ville en lien avec les acteurs hospitaliers et les représentants des usagers et les associations de patients.
Une autre façon de valoriser l’acte de soigner
Un autre financement des actes de santé
Les dispositifs qui contribuent à une meilleure et précoce orientation dans le système de santé, dans une logique de parcours et d’autonomie, sont susceptibles de permettre de recentrer l’hôpital sur ses missions de santé et ainsi de rationnaliser l’offre globale.
Le système de rémunération à l’acte a montré ses limites, encourageant certains soins au détriment d’autres et de la prise en compte du besoin des personnes. Il est peu efficace pour lutter contre les inégalités sociales de santé, qui nécessitent d’adapter les actions de prévention et de soins aux profils des personnes.
Les actions de prévention sont difficilement valorisables par ce mode de financement qui prend peu en compte les coûts évités. Des modalités de tarifications alternatives sont expérimentées dans des projets associatifs comme les centres de santé sexuelle et pourraient être déclinées dans d’autres secteurs du système de santé.
Ce type de valorisation financière est particulièrement préjudiciable à la qualité et la continuité de la prise en charge pour certaines personnes qui pour des raisons diverses se retrouvent plus ou moins éloignées du système de santé. Il s’agit ici de personnes en situation de précarité ou d’autres particulièrement exposées au VIH, comme les personnes étrangères, les personnes travailleurs-ses du sexe et usager·e·s de drogue, dont la complexité des parcours et des besoins de santé nécessite une attention particulière.
- La rémunération au parcours doit être encouragée, en ce qu’elle favorise une prise en charge globale.
- Les rémunérations spécifiques pour les professionnels libéraux doivent être étendues et sorties de l’expérimentation
- Les procédures d’affiliation à l’Assurance maladie et à l’AME doivent être allégées pour que, dans les hôpitaux et les lieux de soins, la prise en charge globale soit effective ; le travail social ne peut pas se résumer à l’ouverture de droits à la couverture maladie, mais doit aussi permettre d’aborder les questions d’hébergement et de droits sociaux en général, essentielles pour assurer la continuité des soins et le suivi post hospitalisation. La réforme de la Puma et l’attribution de droits a priori a été un progrès, néanmoins, le processus d’affiliation reste lourd pour les personnes les plus précaires et sans présomption de droits. Ces difficultés alimentent le recours à l’hôpital pour les soins primaires, faute d’autres portes d’entrée dans le système de soins. Alors que la crise du Covid19 a mis en évidence les inégalités sociales de santé et la contribution des populations étrangères, quel que soit leur statut administratif au fonctionnement des activités essentielles du pays, l’intégration de l’AME à l’Assurance maladie serait une mesure de justice sociale et de simplification de notre système de santé.
- Les restes à charge doivent être réduits, en particulier pour les personnes les plus modestes et en ALD sur le budget desquelles, ils pèsent de manière disproportionnée.
- Le ticket modérateur doit être supprimé.
- L’enjeu de l’accès facilité à une complémentaire santé doit être poursuivi, notamment en ce qu’il contribue à réduire les reports et les renoncements aux soins, générateurs in fine, de surcoûts pour le système de santé.
- Les Permanences d’accès aux soins des hôpitaux constituent des portes d’entrée vers l’hôpital et les soins primaires indispensables pour les publics les plus précaires, notamment migrants-es. Elles doivent être correctement dotées et organisées pour assurer leur fonction et permettre de faire le lien avec la médecine de ville et les autres services de l’hôpital.
Une réelle reconnaissance professionnelle des acteurs de santé et une qualité de vie au travail
Il est évident, et la crise du COVID l’a montré avec une acuité très forte, qu’il est URGENTISSIME de revaloriser les professions de santé. Il n’y a qu’à regarder avec les salaires des professionnels de santé dans d’autres pays européens pour s’en persuader plus encore.
- Une rémunération correcte et revalorisée pour l’ensemble des personnels contribuant au système de santé, qu’ils soient soignants-es ou non, est un élément clé pour la qualité des soins.
- Une revalorisation des carrières et un développement des compétences et des parcours professionnels doit être repensée tant à l’hôpital que dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD)
- Il faut aussi accompagner la transformation des métiers et l’apparition de nouvelles professions. De nouveaux métiers doivent prendre pleinement leur place dans le système de soins pour fluidifier le parcours de soins et accompagner les patients-es vers l’autonomie en santé.
- Les médiateurs-trices en santé et les interprètes en santé par téléphone ou en présentiel, notamment doivent prendre une place plus importante, ce qui sera possible grâce à une rémunération adaptée et la possibilité pour eux-elles de s’inscrire dans une carrière.
- La création d’ambulances vertes nécessitera des professionnels de santé formés aussi en santé environnementale
- L’éducation thérapeutique doit également être vue comme un investissement, pleinement intégré au suivi des maladies chroniques, qu’elle soit assurée en ville et à l’hôpital, par des soignants-es ou non.
- Dans son prolongement, les projets d’accompagnement à l’autonomie en santé, dont certains sont actuellement expérimentés suite à la loi santé 2016, doivent trouver leur place dans les modalités de financement sur la base d’un cadre national pérenne adapté.
- Les IPA (infirmiers de pratique avancée) doivent aussi être développés en tenant compte de l’articulation médicale (à l’image des sages-femmes)
- La formation initiale et continue des soignants doit être permise par le financement des remplacements des agents absents pour ces formations. Dans la formation des soignants-es, la place des patients-es, de leur vécu et de leur parole doit être plus centrale afin d’enrichir les connaissances des composantes des parcours de santé et de soins. Déjà intégré dans certains cursus universitaires, ce type de participation doit être amené à s’étendre. Les soignants-es doivent être mieux formés-ées à diverses approches dont la santé sexuelle, ce qui leur permettra d’aborder plus facilement et plus largement ce sujet avec leurs patients-es.
- La déconstruction des préjugés qui entraîne de nombreuses maltraitances dans les soins doit être un axe de formation
- Former tous les professionnels de santé à repérer les violences faites aux enfants et aux femmes est indispensable pour s’attaquer à ce problème de santé délaissé.
- La recherche qu’elle soit clinique, interventionnelle ou organisationnelle, doit continuer d’être menée dans les établissements publics et doit faire l’objet de financements transparents et suffisants. Les temps de recherche de concertation et de développement de projet doit être valorisé
- Enfin, il faut développer une réelle politique de qualité de vie au travail.
La crise du COVID, après des années de financiarisation de l’hôpital, ont mis en lambeaux les conditions de travail des soignants. Après tous ces burn-out, ces maladies professionnelles mal reconnues (comme les troubles musculo-squelettiques), les situations de harcèlement professionnel, les démissions nombreuses, il est urgent de reconstruire une nouvelle gestion des ressources humaines. Avec restauration du sens dans les pratiques professionnelles, et réparation des dégâts occasionnés :
- Développement des groupes de paroles dans les services de soins, EHPAD
- Consultation systématique d’ergonomes, de psychologues … avant toute réorganisation / restructuration de services
- Création de lieux de détente pour les soignants avec introduction de la nature comme moyen « thérapeutique » : Des études suédoises prouvent avec des chiffres impressionnants, combien la végétalisation d’espaces intérieurs hospitaliers pour l’attente ou la détente, a permis de réduire l’intensité des stress et souffrances au travail.
- Renforcement de la médecine du travail à l’hôpital
Vers des hôpitaux résilients face aux chocs climatiques et sanitaires à venir
La crise du Covid a mis en évidence combien nos établissements de santé pouvaient être fragiles devant des chocs conséquents. Il faut penser à adapter nos établissements de santé, non seulement à d’éventuelles nouvelles crises sanitaires, mais aussi pour faire face de façon résiliente aux futurs chocs climatiques.
Les nombreuses canicules depuis une dizaine d’années, ont permis qu’une culture de prévention s’instaure chez les soignants pour éviter des décès liés à une déshydratation forte de personnes soignées vulnérables. Mais encore trop peu de services de santé se sont orientés vers des solutions de confort d’été, pour éviter le recours aux climatisations coûteuses et génératrices de nouveaux gaz à effets de serre. Pourtant des solutions existent avec une meilleure isolation des cloisons, une végétalisation des murs et des terrasses, des systèmes de ventilation entre les deux côtés du bâtiment (courants d’air organisés nord/sud ) …
Mais il existe d’autres risques liés aux chocs climatiques : inondations, tornades, glissements de terrain. Et là, il faudrait penser des plans B avec des bâtiments techniques non installés en sous-sol inondable, avec des possibilités d’autonomie énergétique en cas de rupture de l’électricité, des systèmes d’évacuation de services en cas d’inondations extrêmes (A Paris, un plan existe en cas d’inondation centennale de la Seine avec évacuation des services parisiens vers la banlieue )
Aujourd’hui, les hôpitaux n’ont pas les assises financières suffisantes pour supporter en plus des investissements en matériel médical et hôtelier, des travaux très conséquents d’isolation thermique permettant de générer d’importantes économies dans les dépenses de fluides mais aussi de satisfaire au mieux les patients hospitalisés dans des locaux souvent mal chauffés ou sur chauffés.
Les établissements de santé se doivent par ailleurs d’être exemplaires dans leur gestion interne des déchets, leurs achats plus centrés sur les circuits courts et l’alimentation biologique, leur politique de mobilité interne (mettre en place des Plans de mobilité d’entreprise), et la recherche pour limiter les matériaux contenant des perturbateurs endocriniens …
…Allons vers une société promotrice de santé !!